Bio-impression 3D: imprimer des organes
État des lieux à l’international et en Suisse
Dans le domaine de l’ingénierie tissulaire, la bio-impression 3D – la fabrication additive de tissus et d’organes – s’est établie comme une technologie d’avenir prometteuse. La bio-impression 3D se distingue de la simple impression de biomatériaux: des cellules vivantes sont soit déposées de manière ciblée sur des structures imprimées, soit imprimées sur un support dans un biomatériau dit «bio-encre» suivant un agencement spatial précis. Il est ainsi possible de construire des tissus artificiels couche par couche, livrant donc un résultat plus complexe que la production de tissus au moyen de procédés standard – ensemencement non orienté de cellules sur un matériau support. Les modèles tissulaires plus complexes reproduisent mieux l’activité physiologique des tissus humains. Cet aspect revêt une importance croissante pour l’industrie pharmaceutique, lui permettant d’améliorer les tests prédictifs in vitro et de réduire les expérimentations animales. Dans l’UE, les expérimentations animales pour tester les cosmétiques et leurs ingrédients sont désormais interdites. Les tissus cutanés et oculaires artificiels biologiquement pertinents revêtent ici une grande importance. En médecine régénérative, la bio-impression 3D permet d’intégrer aux constructions de tissus des structures vasculaires, chose auparavant impossible.
Implications pour la Suisse
La Suisse est bien positionnée dans tous les domaines pouvant bénéficier de la bio-impression 3D, notamment l’industrie pharmaceutique et cosmétique ainsi que la médecine clinique. Le pays compte aussi de nombreuses entreprises actives dans des domaines pertinents pour la bio-impression 3D: automatisation (électronique, logiciels de contrôle), pièces mécaniques (buses d’impression, valves, bras robotisés) et culture cellulaire (milieux, plastique). La Suisse peut se maintenir à l’international si elle promeut l’intégration de la technologie dans des processus industriels et médicaux existants et si elle favorise le maillage des partenaires industriels et scientifiques concernés. Des pays asiatiques comme la Corée ou Singapour ont déjà élaboré des stratégies nationales dans ce domaine. Aux États-Unis, le partenariat public-privé BioFabUSA, doté de 300 millions de USD, poursuit depuis 2016 l’objectif d’encourager des projets dans le domaine de la fabrication bio-additive. La Suisse dispose avec regenHU d’un leader mondial de la bio-impression mais elle ne possède actuellement pas de stratégie nationale visant un leadership technologique global. Les dispositifs d’encouragement existants pour la fabrication additive excluent le domaine de la biofabrication/ fabrication bio-additive avec des cellules vivantes. Afin de maintenir la compétitivité à l’international, il faut mettre en place à l’échelle nationale des programmes et des initiatives de recherche au niveau de la recherche fondamentale fortement axée sur l’application.