10. janvier 2018

Quelles sont les compétences dont la génération future a besoin?

Formations techniques, Digitalisation

 

La numérisation a des répercussions sur l’ensemble de la société. Elle modifie les comportements et impose de nouvelles exigences dans tous les domaines de la vie quotidienne. De quelles compétences les jeunes ont-ils besoin pour être à la hauteur des exigences de demain? Le 10e colloque de la SATW consacré à la promotion de la relève technique a répondu à cette question.

On ne peut pas arrêter l’évolution numérique. Les participants au colloque de la SATW, issus des secteurs de la formation, de l’orientation professionnelle, des entreprises, des associations sectorielles et des lieux de formation MINT extrascolaires se sont d’emblée accordés sur ce point. Mais comment la transformation numérique change-t-elle les compétences qui seront nécessaires dans le monde professionnel de demain? Et comment le monde politique et les pouvoirs publics œuvrent-ils en faveur de cette transformation? Ces questions ont été abordées lors de diverses présentations et une discussion avec le public le 14 novembre 2017 à Brugg-Windisch.

« Les entreprises vont chercher les compétences ailleurs sans les développer elles-mêmes »

Selon la professeure Sybille Sachs de la Haute école d’économie de Zurich (HWZ), la numérisation est le principal défi stratégique actuel pour les entreprises. Elle entraîne plusieurs effets profonds: 1. Les limites entre les entreprises et les branches sont abolies et les hiérarchies sont aplaties. 2. De nouveaux modes de pensée sont nécessaires. 3. La collaboration entre l’humain et la machine va évoluer.

Lors du colloque, Sybille Sachs a déclaré qu’il serait de plus en plus difficile pour les travailleurs de maintenir un bon équilibre. À l’avenir, chacun devra impérativement être autonome et apprendre tout au long de sa vie. Outre les compétences spécialisées et informatiques, les travailleurs doivent posséder des compétences méthodiques, personnelles et sociales, ainsi que des compétences de gestion. Malheureusement, les entreprises vont souvent chercher les compétences ailleurs au lieu de développer celles de leurs collaborateurs. À l’avenir, l’enjeu consistera également à encourager non seulement les gagnants de la numérisation mais aussi à soutenir les perdants.

« Le monde politique voit tout en rose »

Comment le monde politique et les pouvoirs publics œuvrent-ils en faveur de la transformation numérique et de la formation? La conseillère nationale Rosmarie Quadranti explique que la Suisse possède un système d’éducation différencié et souple, une formation professionnelle efficace et un système d’enseignement supérieur performant. Au cours du colloque, elle a toutefois aussi émis quelques critiques : « Sommes-nous assez rapides? Pouvons-nous encore nous permettre de maintenir des processus qui durent des années? Comment rompre avec les anciens modes de pensée? Comment trouver le courage d’instaurer une culture de l’échec? » Pour Rosmarie Quadranti, faire renoncer le monde politique aux anciens modes de pensée et aux conceptions hiérarchiques sera un grand défi, de même que nommer également des femmes dans les instances importantes de la formation professionnelle en Suisse, actuellement apanage des hommes. En matière de formation, le monde politique a en outre souvent tendance à tout voir en rose, estime-t-elle. Pour toutes ces raisons, la formation ne gagne pas en souplesse en Suisse. L’apprentissage tout au long de la vie et l’éveil de la curiosité des citoyens sont des thèmes chers à Rosmarie Quadranti. Selon elle, la promotion des branches MINT peut justement contribuer de façon déterminante à renforcer cette curiosité.

Stefan Kruse et Seamus Delaney, de la Haute école pédagogique FHNW, ont analysé pour la SATW les compétences que devrait encourager la formation professionnelle à l’avenir. Les premiers résultats ont été présentés lors du colloque de la SATW. L’étude complète paraîtra en 2018. Les deux chercheurs sont arrivés à la conclusion que l’enseignement obligatoire ne transmettait actuellement pas suffisamment de compétences disciplinaires et interdisciplinaires dans la perspective de la transformation numérique. Il manque par exemple une discipline technique spécifique et des enseignants qualifiés. La population, les enseignants et les décideurs ont certes davantage pris conscience de ces questions, mais la mise en œuvre ne suit pas. On ne dispose pour ainsi dire pas d’exemples de meilleures pratiques ni d’offres de formation continue pour les enseignants. Lors du colloque, Stefan Kruse a formulé des recommandations pour les écoles, la politique en matière de formation et les hautes écoles pédagogiques. Ces recommandations peuvent être consultées dans la présentation.

Les intervenants ont ensuite discuté avec le public. Johannes Mure, du Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI), s’est aussi joint à la discussion.  Il a souligné en particulier la complexité des questions et les nombreux acteurs concernés. Selon lui, si l'on réfléchit à la numérisation dans tous les secteurs et à tous les échelons, il faut à présent que chaque acteur devienne actif dans son domaine de compétence. La mission du SEFRI est de mettre en place des conditions cadres permettant à la formation et à l’économie d’encourager les compétences nécessaires. Johannes Mure a également souligné que la responsabilité des écoles incombait aux cantons et non à la Confédération. Cette dernière soutient néanmoins des activités MINT dans le domaine extrascolaire.

« Le personnel enseignant est surchargé. Comment faire de la place pour de nouvelles matières? Qu’abandonnons-nous en contrepartie? », a demandé un participant. Sybille Sachs a répondu: « À la HWZ, nous avons commencé à réduire ou restructurer volontairement les connaissances à acquérir. L’objectif n’est pas de saturer nos étudiants de connaissances mais de leur apprendre à gérer l’information. » Madame Quadranti a soumis une piste de réflexion: « L’enseignement par bloc est peut-être une solution car il permet de mieux stimuler les compétences interdisciplinaires. » Sybille Sachs a fait remarquer que l'interdisciplinarité est une question difficile, dont on discute depuis longtemps. Elle estime que des hiérarchies plus planes, de la curiosité et de l’ouverture d’esprit sont les conditions de base pour l’adoption d’une pensée interdisciplinaire: « Nous avons besoin d’une interdisciplinarité vécue de manière consciente. »

Les présentations du colloque SATW consacré à la promotion de la relève technique ainsi que des exemples de cours pratiques peuvent être téléchargés en allemand.

Présentation Prof. Sybille Sachs: Wie verändert der digitale Wandel die Unternehmen und die Kompetenzen?

Présentation Conseillère nationale Rosmarie Quadranti: Wie setzt sich die Politik für digitale Transformation und Bildung ein?

Présentation Dr. Stefan Kruse und Dr. Seamus Delaney: Digitale Transformation - Welche Kompetenzen benötigt die junge Generation?

Exemples de cours pratiques atelier 1: Vernetzte Welt

Exemples de cours pratiques atelier 2: Intelligente Vernetzung


Informations:
Dr. Béatrice Miller, Secrétaire générale adjointe, tél. 044 226 50 18,
miller(at)satw.ch

Comments are disabled for this post.

0 comments