Présentation aux représentants du réseau Swissnex
La SATW a été invitée à présenter les conclusions de son étude sur la force d’innovation de l’industrie suisse lors de la rencontre annuelle du réseau Swissnex. Une cinquantaine de représentants des antennes du réseau mondial suisse de l’éducation, de la recherche et de l’innovation étaient présents le 14 décembre dernier au siège du SEFRI à Berne pour écouter les présentations des co-auteurs de l’étude et échanger sur ses principales conclusions.
L’innovation en suisse au-delà des rankings
Avant la présentation de la SATW. Rahel Zurfluh, collaboratrice scientifique et spécialiste de la politique de l’innovation auprès du SEFRI, a gratifié les participants d’un aperçu de la politique d’innovation de la Suisse dans un exposé intitulé « Beyond the rankings ». La Suisse figurant régulièrement en tête des classements internationaux en matière d’innovation, cette place est-elle conforme à la réalité du terrain? Cette question, les auteurs de l’étude de la SATW se l’étaient également posée et l’analyse de Rahel Zurfluh parvient aux mêmes constats: les conditions-cadre et des raisons structurelles expliquent en bonne partie pourquoi notre pays monopolise les premières places des classements internationaux en matière de compétitivité et innovation. Par exemple, il est plus aisé pour un petit pays situé au coeur de l’Europe d’avoir un PIB par habitant élevé et de réaliser un bon score au niveau des coopérations internationales avec ses nombreux voisins.
Mis à part ces éléments structurels, la Suisse se distingue toujours au niveau international. Alors quelle est la « recette secrète » de l’innovation helvétique? Rahel Zurfluh avance que l’écosystème de l’innovation dans notre pays repose sur l’interaction 5 facteurs clés: sensibilité à la qualité, coopération, autonomie des agents, subsidiarité, et compétitivité. Des éléments qui reflètent l’identité suisse et qui se retrouvent dans nos institutions : démocratie, fédéralisme, libéralisme économique, partenariat social, structure « bottom-up » de nos institutions. Combinés, ils créent une stabilité, diversité et capacité d’adaptation qui fonctionnent bien avec les exigences de l’innovation. Par contre, ce qui est adapté à la Suisse ne l’est pas forcément pour d’autres pays. A chaque région de trouver sa propre recette.
En conclusion, Mme Zurfluh souligne que « nous savons que des changements sont devant nous, même si nous ne savons pas exactement lesquels. Mais tant que notre identité ne change pas, nous pouvons nous concentrer sur la recherche de solutions, sans avoir besoin de chercher à modifier nos structures.»
Surestimons-nous notre capacité à innover?
Rita Hofmann a ensuite pris le relais pour présenter les résultants de l’étude de la SATW sur la force d’innovation de l’industrie suisse. Surestimons-nous notre capacité à innover? Telle était la question initiale à laquelle les auteurs de l’étude avaient voulu répondre. L’approche choisie était d’analyser l’effort que les entreprises industrielles investissent dans la R&D. Le choix du secteur industriel, qui représente 25% des emplois et une important contribution au PIB du pays avec une haute valeur ajoutée, s’était naturellement imposé.
Les principales conclusions de l’étude: la part des entreprises qui exercent des activités de R&D en Suisse est de plus en plus faible et celles qui font encore de la R&D y consacrent de plus en plus de moyens. La charge de la recherche et du développement pèse ainsi de plus en plus lourd sur les épaules d’un nombre restreint d'entreprises industrielles. S’y ajoute une tendance à la délocalisation des centres de recherche, en particulier chez les grandes entreprises. Autre constat: celui que le chiffre d’affaires issu de la commercialisation de nouveaux produits augmente (innovation produits), mais pas celui provenant d’innovations de marché.
Comparaison internationale
Si la tendance en Suisse est préoccupante, comment notre pays se situe-t-il en comparaison internationale? C’était le propos de Hans-Peter Herzig, également co-auteur, qui a présenté l’indicateur STW-KOF développé à cet effet dans le cadre de l’étude. Composé de 16 facteurs et représenté graphiquement sous forme de radar, il a pour objectif de réduire les biais de simplification générés par les rankings usuels en montrant les forces et faiblesses relatives de chaque pays.
La comparaison a été très appréciée par l’auditoire composé de délégués internationaux du réseau Swissnex et a donné lieu à un passionnant échange entre les participants et les auteurs, chacun y allant de son commentaire ou question en lien avec l’écosystème de l’innovation de son pays. Une bonne partie de la discussion a porté sur les atouts et inconvénients de l’approche helvétique « bottom-up » de promotion de l’innovation, comparée à l’approche « top-down » des principaux acteurs asiatiques comme le Japon, la Chine ou Singapour.
Au final, le consensus qui se dégage est que la Suisse doit être consciente de ses forces comme de ses faiblesses et promouvoir ses atouts sur les secteurs où elle peut bénéficier d’un véritable avantage compétitif. Le piège étant de vouloir à tout prix concourir dans des domaines où des pays comme la Chine ou les Etats-Unis seront fatalement meilleurs en raison de la taille de leur marché et des ressources à leur disposition.
Comme l’a résumé le délégué en poste à Singapour: «Nous n’aurions pas pu voir éclore une Crypto Valley en Suisse sans notre approche bottom-up. Notre manière d’envisager l’innovation apporte aussi des avantages décisifs dans certains domaines. La Suisse n’a jamais été la Silicon Valley et je ne pense pas qu’elle ait vocation à le devenir. Nous devons nous focaliser sur nos forces. Si nous misons sur les mauvais domaines, nous échouerons.»
Retrouvez le comparatif entre la Suisse et les autres pays ici (en allemand).
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