Entretien

Scientiæ & Robotica, aborder la pluridisciplinarité en sciences !

Le congrès Scientiæ & Robotica, qui se tiendra du 5 au 8 septembre à l’EPFL de Lausanne, propose aux enseignant-e-s en sciences du secondaires II d’approfondir leurs connaissances et de profiter de l’interdisciplinarité pour réfléchir et développer des nouveaux chemins pédagogiques innovants. La SATW soutient financièrement cette belle opération.

Entretien avec Gordana Gerber | Docteur en physique de l’université de Neuchâtel, chercheuse en robotique éducative à l’EPFL et responsable formations continues.

Pouvez-vous nous présenter le congrès Scientiæ & Robotica et l'historique de sa mise en place ?

L'objectif de ce congrès est de permettre aux enseignants de cinq disciplines scientifiques (mathématiques, physique, chimie, biologie, informatique) à la fois de revoir des notions théoriques importantes, de profiter de plénières durant lesquelles des chercheurs de renommée mondiale présentent les dernières innovations en matière de robotique et d’avoir accès aux témoignages de terrain.

L’interdisciplinarité revendiquée du congrès s’appuie sur une première expérience réussie en 2013 sur la thématique « Sciences et Cuisine ». Cette année, le comité d’organisation, élargi, propose cette formation à ses membres respectifs en lieu et place d’une formation continue spécifique à la matière. C’est la première fois que les sociétés et commissions de chimie, physique, mathématique, informatique et sciences naturelles unissent leur force pour proposer une formation interdisciplinaire complète, interactive et dynamique. Plusieurs choix d’ateliers sont proposés, en plusieurs langues, ce qui permet aux participants de choisir les sujets qui les concernent ou les intéressent le plus. Les inscriptions sont gérées par le centre suisse de l’enseignement secondaire II ZEM CES (anciennement WBZ CPS) et nous espérons autour de 200 inscrits, nous avons fait la promotion du congrès via des affiches et des appels à participation dans les gymnases mais nous prenons encore des inscriptions jusqu’à cet été.

Ces formations interdisciplinaires proposent une approche novatrice et sont finalement assez rarement proposées. Le SSPMP avait par exemple organisé en 1989 à Locarno un séminaire sur les Sciences et la musique mais ce sont des initiatives ponctuelles.

Quels sont les objectifs de ce congrès ?

Ce congrès donne de la visibilité aux dernières innovations dans le secteur et de propose des pistes inspirantes aux enseignants pour développer eux-mêmes leur matériel pédagogique. Les conférences peuvent également leur permettre de trouver des idées pour les travaux de maturité. Entre autres, plusieurs ateliers autour du robot Thymio, robot éducatif développé par une équipe de l’EPFL et qui a fait ses preuves, sont proposés aux participants.

Par ailleurs, le volet échange entre chercheurs et enseignants, convivialité et synergie est une partie importante de la proposition globale (à titre d’exemple, le diner de gala se tiendra au musée olympique et permettra de favoriser les échanges informels entre les participants).

Quelles difficultés voyez-vous dans l’enseignement de la robotique dans le secondaire et que peut-on faire pour faire évoluer les choses positivement ? Quelle est l’image de la matière en particulier chez les jeunes filles ?

Les programmes sont en train de changer et c’est une bonne chose, pour intégrer une pensée numérique qui se développe. Aujourd’hui, les enseignants sont en présence d’élèves qui, à 15 ans, n’ont pas de passé numérique scolaire. Or le mode de pensée et la logique mathématique devrait être enseigné au même titre que la lecture, elle devrait devenir naturelle au sein des classes d’âge les plus jeunes.

La question de la présence des jeunes filles et de leur intérêt pour les matières scientifiques est délicate : en Suisse, les stéréotypes sont malheureusement fortement ancrés socialement et sont construits autour d’une mémoire collective. Il est très difficile de faire évoluer les mentalités sur la durée. Pour ma part, j’ai grandi en Yougoslavie lorsque c’était encore la période communiste et aucune différence de genre n’était faite entre les garçons et les filles, ce qui fait que j’ai été encouragée à m’intéresser aux sujets scientifiques sans même m’en rendre compte.

Quelle(s) présentation(s) trouvez-vous particulièrement spéciale(s) ou originale(s) ?

La dernière fois nous avions eu des chefs étoilés qui avaient cuisiné devant les participants ! Cette fois-ci nous avons proposé à Silke Pan, athlète paraplégique, de venir tester un exosquelette développé avec les équipes de l’EPFL. C’est absolument fascinant et émouvant, de voir que la robotique permet à ces personnes de regagner en mobilité ! Elle sera là le samedi pour clore le congrès et nous en sommes très heureux. La robotique a des applications extrêmement variées, dans le médical ou encore pour analyser les comportements sociaux. Une conférence sur les abeilles et la robotique sera par exemple proposée. C’est cette diversité de sujets et d’approches que nous souhaitons valoriser lors de ces quatre jours.

Davantage d’informations et inscriptions : scientiaerobotica.epfl.ch